Sortie du livre "voir les lunettes d'un autre oeil" de Paul Azoulay


Lecteur, je me suis appliqué à établir un catalogue photographique de Françaises et de Français à lunettes. J'ai ainsi obtenu un recueil d'images de gens partageant les mêmes normes, les mêmes caractéristiques, et ce qu'il y a de plus typique dans nos sociétés d'hier. Ce recueil ne constitue pas un catalogue de chefs-d'oeuvre mais une réunion d'hommes et de femmes de la société civile qui ont fait notre France, la France dite profonde. Et peut-être qu'un de ces quatre matins je m'attellerai à examiner le caractère du preneur d'images à travers sa production de photos... Le cinéma, un certain jour, est devenu parlant et je me suis donc dit que la photographie qui l'avait précédé devait le devenir aussi... J'ai tenté, pour chacun des protagonistes figurant dans ce livre, d'esquisser une anecdote rapide en créant une mise en scène dont ils seraient eux, les acteurs, et leurs lunettes, les décors... L'oeil, en permanence au guet, j'ai narrativisé l'image pour qu'elle me donne accès à une remémoration de sentiments. Ainsi, ce livre est construit à partir de fragments, de séquences, d'images, comme une bande dessinée... J'ai longuement hésité avant d'avoir recours à la forme dialoguée, puis je me suis enhardi en puisant sur ma longue expérience de pipelet... Ensuite, par le jeu des ressemblances emmagasinées dans une longue existence, j'ai considéré qu'il fallait inspecter ces caractères photographiés bardés de lunettes ; j'ai donc réfléchi, analysé, comparé, mâché et remâché les idées, avant de composer et, enfin devenu leur familier, j'ai bavardé avec ces visages dissemblables qui posaient pour l'éternité et je les ai convaincus que si la jeunesse triomphait de nos jours, la nouvelle vieillesse restait à jamais une dignité, avec les mêmes dispositions que celles des vieux vins. Ai-je, avec ces photographies, atteint mon objectif ?
Ces touchantes photographies, privées de paroles seraient, sans le concours de mots, des oeuvres inachevées. Condamnées à être muettes, elles resteraient inexistantes aussi me suis-je pénétré de l'intime conviction que je leur ai redonné un peu de vie.
L'éternité, dit-on, est une rêve. Je le réalise.


Préfaces :

Francis Dagnan,
Président de Studio Harcourt Paris

Sophie Harent,
Conservateur en chef du patrimoine
et Directeur du Musée Bonnat-Helleu Bayonne

Sophie Bernard,
Rédactrice en chef de Images magazine

Marion Ledru,
Responsable scientifique et culturelle
Musée de la Lunette Morez

344 pages – Art & Vin Editions – 30 €
ISBN : 2-9526197-9-4

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