du 4 au 22 avril 2012
TEXTE DU PANNEAU CI-DESSUS
Irène
a pris d'énormes risques en me demandant de commenter son travail et
par là même de la présenter. Elle sait combien je suis
généralement sévère et combien je peux égratigner, quand il le
faut, les artistes, fussent-ils mes amis.
C'est
par les Naïfs, qu'elle traitait avec une grande délicatesse,
qu'Irène a affirmé sa réputation nationale. Elle ne renie pas ses
attaches aux Naïfs d'où elle tient sa touche sensible et avec
lesquels elle donnait forme à sa bouillonnante imagination. Or,
Irène - et ça m'agace - forcée par son heureuse insouciance,
éprouve un perpétuel besoin de changer, d'explorer, de se
réinventer.
Et,
prévision confirmée, elle est passée du Naïf à l'Innocence. La
naïveté a alors pris le visage d'une autre vérité. Du très
précieux, du très féminin, du très détaillé Naïf dont elle
était le maître absolu, elle est passée aux taches projetées
violemment qui seraient, à l'en croire, des réminiscences oniriques
puis, pour faire vite, elle a entrepris de travailler avec des
touches larges et hardies en y incluant des formes tendant à une
signification propre à chacun de nous. En réintégrant ainsi du
réel dans son écriture abstraite, elle poursuit par sa peinture la
recherche d'une identité. Irène a multiplié les performances. Sa
participation à de nombreuses expositions internationales où elle
avoisinait avec les noms les plus glorieux de la peinture a fait
d'elle un peintre coté. Sa production abondante, qui a intéressé
de riches Américains, justifie son bonheur de peindre et de ne
peindre que la joie explosive.
Mystique,
quoi qu'elle s'en défende, elle s'est mise en tête de transformer
le réel en spirituel. En perpétuel changement, en permanente
évolution stylistique, avec une sensibilité communicative propre,
elle s'attaque aujourd'hui aux compositions les plus ambitieuses.
Madame Irène Darget-Bastien s'est mise à la recherche de l'illusion
d'une troisième dimension. Malgré ses prouesses pour suggérer la
profondeur, la perspective et le relief qu'elle appelle le
Tridimensionnel 3D, elle tente de nous égarer en nous entraînant
dans le piège du faux-semblant. « Non,
tu ne m'as pas eu Irène, mais tu m'as troublé...
»
Le
temps te laisse intacte, il n'a diminué aucune de tes ardeurs. Ce
que nous devons retenir de cette visite ? Un,
Irène
a su très tôt se dégager des influences reçues. Deux,
ses connaissances et sa maîtrise technique.
Trois,
la sincérité de son inspiration démontrée par la bonne santé de
ses harmonies de couleurs. Quatre,
Irène donne libre cours, ce n'est pas rien, à son tempérament et
elle poursuit dans sa peinture la recherche d'une identité qu'elle a
- qu'en pensez-vous ? - enfin trouvée.
Paul Azoulay